J'étais très enthousiasmée par le résumé, par la couverture, et par ton commentaire, Smalad, mais cet engouement s'est érodé au fur et à mesure de ma lecture.
Je n'ai pas trouvé l'écriture fluide. Elle est riche et ça fait plaisir à lire, ça change des romans simples et efficaces qui ne s'encombrent pas de vocabulaire superflu. Mais la construction des phrases n'est pas toujours optimale, ce qui m'a sorti de ma lecture à de nombreuses reprises. Trop longues, alambiquées, elles cassent régulièrement le rythme de la lecture. Par exemple :
- Citation :
- - Laissez-moi vous présenter le prince Sulayman Al Salih, introduisit avec toute la courtoisie d'un homme qui avait toujours vécu dans un monde d'élégance et de noms l'Ambasseur.
- Citation :
- Lespérance ne protesta pas et son pas était encore peu assuré alors qu'il revenait sans même jeter un regard vers les cochers ou ce qui leur servait de chevaux dont pourtant le glamour était si fin que bien des pékins devaient se trouver mal à l'aise en leur présence sans même comprendre pourquoi.
Au passage, ce terme "pékin" revient à de nombreuses reprises en début de roman et sonne très étrangement, ce petit mot de registre familier dans un ensemble plus soutenu.
- Citation :
- ... et tendit Ses mains nacrées. La boîte y fut déposée et aussitôt ouverte. L'immense diamant coupait en infinité de reflets la lumière et le bois se cassa sur le sol où gisait à présent l'écrin du joyau.
J'aime bien le registre soutenu et il convient parfaitement à ce genre de roman, mais pas à chaque instant du récit. Les dialogues en pâtissent, et les scènes d'actions également, rendant la compréhension des événements difficile. Là, j'ai dû relire à plusieurs reprises la phrase pour comprendre ce qu'il s'était passé exactement.
L'auteure essaie d'éviter les répétitions des prénoms, mais sombre dans les répétitions des termes "le thaumaturge le plus puissant de sa génération" et "le héros des thaumaturges", ce qui alourdit encore plus l'écriture.
Concernant le conte fantastique, mon enthousiasme en a pris un coup quand le Kraken, un calamar géant d'après la légende, s'est vu doté de pinces, et que l'auteure l'a qualifié de crabe.
La lecture a été laborieuse, et l'écriture ne m'a vraiment pas aidé à passer outre les défauts de l'intrigue. Sulayman, Prince, fils de la Générale (j'ai cru comprendre qu'elle avait un rôle vraiment important dans le royaume), le thaumaturge le plus puissant de sa génération, héros des thaumaturges, est convoqué par la Reine de la Nuit, ennemie jurée de la France, immortelle et surpuissante, tenant sous son joug l'Angleterre. Et il y va. Elle lui confie une mission avec un argumentaire du type "j'ai autre chose à faire que m'occuper de si basses besognes" et il accepte la mission. Elle prive Roland de ses pouvoirs, sans explication parce que franchement, pourquoi diable devrait-elle en donner, et ils acceptent cette situation. J'ai encore moins compris les motivations de la Reine quand j'ai appris la véritable raison de cette mission. Je n'ai même pas compris pourquoi elle leur a confié cette mission vu qu'elle s'ennuie et que la menace est suffisamment importante pour qu'elle l'éradique. Et le fait qu'elle lui rende ses pouvoirs juste après, pour qu'il porte sa Marque et qu'il passe pour un traître aux yeux de tous, juste parce qu'elle s'ennuie, qu'elle est cruelle et qu'elle peut le faire, ça m'a fait fermer définitivement ce roman.
Parce qu'à mesure que les pages défilaient, je n'adhérais plus à la situation. Pour moi, elle ne pouvait pas le convoquer si facilement, sans qu'il y ait des contrepouvoirs qui entrent en jeu. Qu'elle leur confie cette mission n'a aucun sens à mes yeux, qu'elle prive Roland de ses pouvoirs encore moins. Les personnages se retrouvent dans des situations impossibles et l'auteure insiste lourdement sur la cruauté de cette Reine aussi belle que dangereuse, titillant la corde sensible avec un enfant dans l'histoire, alors que ça n'a aucun sens. Il n'y a aucune explication, rien qui me fasse dire que oui, finalement, c'est assez logique qu'ils en soient là.
Je réagis de cette manière parce que je me suis malgré tout attachée aux personnages mais entre l'écriture pesante et l'intrigue qui se résume "parce qu'elle est méchante et qu'elle s'ennuie", je jette l'éponge. Tant pis, je ne finis pas ce roman ni cette trilogie. Et j'espère que son autre trilogie ne souffre pas des mêmes défauts, parce que j'ai pris le premier tome en même temps que celui-là.