George débarque dans la vie de Priam et plus rien ne sera comme avant. Ni le regard qu'il porte sur lui et les autres, ni ses amitiés, ni sa vie de lycéen banale.
J'ai beaucoup apprécié ce Young Adult tout doux et tout subtil, bourré de touches d'humour géniales (merci aux jeux de mots de George) et de grandes tranches d'amitié. Bourré d'émotions aussi (avec des passages qui m'ont mis la larme à l’œil. Purée, oui, à moi !!) On suit l'éveil sentimental de Priam entre sorties, cours, animations, bizutages divers et variés, voyages, inquiétudes et interrogations existentielles. George est un ado très intelligent, brillant même, loufoque et sans-gêne. Priam est plus calme, il se pose beaucoup de questions et il est plus sujet à l'angoisse. Leur rapprochement les apaise mutuellement et les rend meilleurs. Il y a un beau message qui passe ici et c'est une histoire assez lumineuse malgré certaines thématiques qui sont loin d'être joyeuses quand on commence à aborder les conflits avec les parents, les petites touches d'homophobie ordinaire, l'incompréhension de l'entourage, etc... Bref, tout ça est très bien amené et très bien exploité. En plus c'est bien écrit.
Le seul petit point étrange qui m'a fait un peu marrer tout au long de ma lecture, ce serait l'absence de conversations autour du sexe. Entre nous, on se fiche qu'il y ait ou pas des relations sexuelles dans un livre (moi je m'en fiche). Mais ici, on a quand même affaire à des ados, avec leurs problèmes d'hormones et tout et tout, et ça m'a paru étrange. Je pense que c'est sûrement lié à l'âge du lectorat ciblé, mais je trouve irréaliste que des jeunes adultes de 18 ans n'en parlent pas comme si ça n'existait pas. Alors je comprends que tout soit nouveau pour Priam, qu'il lui faut du temps pour apprivoiser tout ce qu'il expérimente, qu'il a peut-être même autre chose à penser ou sur lequel se focaliser au début de leur relation. Cependant, j'ai quand même un minuscule a-priori à ce sujet... Ici l'histoire aborde les premières fois : première relation de longue durée, première implication, premiers sentiments forts, et je trouve bizarre qu'on n'aborde pas le sexe. Ah si : 20 pages avant la fin. Et ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, comme si l'auteur s'était dit : "Tiens, merde, j'en ai pas parlé alors je vais le coller ici." Mais c'est peut-être encore une fois lié à la catégorie dans laquelle est classifié ce bouquin.
Le seul vrai reproche que je ferais, c'est sur la qualité du livre. Mon Dieu... Vive l'impression à la demande ! Pour de l'auto-édition, je peux le comprendre, c'est pas cher et tout le monde n'a pas les moyens de faire appel à Lulu. Mais là, c'est Hachette. Les pages sont râpeuses et tristounettes, c'est gris, pas de très bonne qualité, bref : dommage quand on aime l'objet-livre.
"George, le monde et moi" est un excellent YA qui aborde avec beaucoup de pudeur et de cohérence le mal-être d'un adolescent bouleversé par la découverte de sa sexualité. C'est aussi une histoire lumineuse dans laquelle l'amitié et l'amour sont vraiment mis au premier plan.
Je le recommande à tous ceux qui sont fan de récits adolescents, qui aiment les personnages profonds, l'humour, la douceur et les histoires bien construites.