Les indiscrétions des Mixous sur... Céline Mancellon

Le français prit une longue inspiration, surtout pour calmer son agitation intérieure.
— Cette nuit, nous avons… toi et moi, nous sommes un couple ou un truc dans le genre ? lâcha Gabriel, nerveux.
— Truc ? répéta encore James, mais en souriant cette fois-là.
Ce fut cet instant que l’anglais choisit pour se lever du siège qu’il occupait. Sans prendre la peine de réajuster son peignoir, il croisa les bras sur son torse tout en dévisageant le frère de Nathan.
— Well... we are very away to be a couple. One night at to fuck is not enough for stick the label, isn't it ? Even if the idea that you fuck with another guy already puts me in a state of fury unnamed.
Ginto devina immédiatement que James ne se rendait pas même compte parler dans sa langue maternelle. Était-il possible qu’il soit, lui aussi, troublé par cette question ?
— James… ? fit doucement Ginto.
— What ? I said something wrong ? s’énerva Longwood.
Le boxeur fit de son mieux pour camoufler son envie de rire mais face à l’air perplexe et agacé de l’étudiant de Holy Cross, il eut du mal.
— Je n’ai pas saisis un seul mot de ton discours, commenta Gabriel en tentant toujours de garder son sérieux.

Vous faites quoi, là!
Ignorant avec superbe le cri outragé de Patch, Lord Vald défit calmement les boutons des manches de sa chemise.
— C’est l’heure du bain, Puppy, tu es une véritable infection.
La première réaction du métis, quand il était entré dans la salle de bain de taille gigantesque, avait été de lâcher un juron. Puis, lorsqu’il avait compris que le démon comptait l’aider à se laver, il avait été autant horrifié que paniqué.
— Si vous m’appelez encore «Puppy», je vous défonce la gueule, flics ou pas flics, le menaça-t-il.
— Hoy, hoy… répondit Corn avec amusement sans le regarder.
— Si vous essayez de me toucher, je vous défonce la gueule également! s’époumona Patch.
— Hoy, hoy… répéta Lord Vald sur la même intonation, en lui lançant cette fois-ci un rapide coup d’œil.
— Je ne plaisante pas ! se récria le jeune homme en reculant de quelques pas, anxieux.
Le démon se tourna intégralement face à Patch tout en faisant rouler l’extrémité de ses manches jusqu’aux coudes.
— Je ne me suis jamais occupé d’un animal domestique, tu ne vas pas commencer à m’enlever les petits plaisirs qui accompagne cette activité, si?
Patch montra presque les dents et ses yeux projetaient de véritables éclairs.
— Je ne suis pas un foutu animal domestique, vous comprenez, oui ou merde?!

— Comment êtes-vous entré chez moi? attaqua-t-il.
— Avec les clefs, répondit le jeune homme avant de tirer une bouffée sur sa cigarette.
— Pardon?!
Le blondinet lui adressa un demi-sourire indolent.
— Sous le paillasson, ajouta-t-il avant d’exhaler bruyamment la fumée respirée.
Le trader abaissa les paupières dans une expression soupçonneuse.
— Comment le saviez-vous? C’est quoi votre nom?
― Ian, l’informa ce dernier en s’adossant contre la porte.
― Que faites-vous chez moi, Ian? Ian comment?
Là encore, le jeune homme esquissa une grimace narquoise et ensommeillée. Il regardait Cael de ses yeux cernés de noir.
― Je squatte. Mais je crois que tu l’avais remarqué, non? Au fait, je m’appelle Ian Killant… mais visiblement, tu ne te souviens pas de moi.
Le cerveau de Cael se gela.
Le petit frère de son meilleur ami!!
― C’est impossible… souffla-t-il, incrédule.
Ian enfonça les mains dans ses poches, une expression moqueuse sur le visage.
― C’est là que tu me sors «qu’est-ce que ça grandit vite» ? gloussa le cadet de Marc.
Le trentenaire passa une main dans ses cheveux sous le regard scrutateur du jeune homme.
― Bon sang! murmura Cael en lui lançant un rapide coup d’œil. Qu’est-ce que tu fiches ici? Comment as-tu trouvé mon adresse? Pourquoi t’es chez moi? Ton frère le sait? Et tes parents… ils sont au courant?
Ian rit encore face à l’avalanche de questions.
― Je squatte. Agenda du frérot. Je squatte. Non et non. Satisfait?
Le trader leva les bras au ciel, l’air accablé.
― Pourquoi chez moi?!
Le jeune homme retira le mégot de cigarette de sa bouche, balança deux fois ses hanches d’avant en arrière alors que ses épaules demeuraient collées au pan de bois tout en feignant de réfléchir.
― Ça m’a semblé une bonne idée sur le moment, répondit-il finalement en souriant.
― QUOI?!

— Je ne vais pas faire ça ! s’écria Gabriel en s’écartant vivement du jeune homme blond.
Lorsque le boxeur tenta de regagner la porte, James lui barra le passage avant d’agiter le trousseau.
— C’est fermé à double tours, « Frightened Boy ».
Au moment où Ginto amorça un geste afin de le récupérer, Longwood recula pour glisser le petit porte-clefs sous la ceinture de son pantalon, sous-entendant qu’il venait de les cacher dans son caleçon.
— Tu les veux ? Viens les chercher, proposa-t-il en susurrant, les paupières plissées.
Puis il éclata franchement de rire devant la mine interloquée du français et lui tendit à nouveau son doigt blessé où coulait toujours un filet de sang, mais de flux moindre.
— Tu le lèches afin de me montrer à quel point tu es désolés qu’il ai été meurtrit par ta faute… ou tu viens prendre les clefs par toi-même ?
— Tu plaisantes ?! s’énerva Gabriel en entendant cet absurde ultimatum. Je ne suis pas un putain de vampire ! Rends-moi le trousseau ! ordonna-t-il ensuite, hors de lui.
James laissa s’instaurer un silence qui alourdit l’air d’une tension électrique. L’adolescent pinça furieusement ses lèvres l’une contre l’autre et en trois enjambées, effaça la distance entre lui et l’étudiant anglais. Ils se défièrent longuement du regard avant que Ginto ne saisisse brutalement la main de Longwood et ce, sans le quitter des yeux.
Il ne pouvait pas frapper le fils du patron de son frère, les hébergeant, qui plus est.
Tout en enserrant les autres doigts avec une force exagérée, Gabriel introduisit l’index blessé dans sa bouche.
Sa langue entra immédiatement en contact avec le sang. Son goût âcre mais aussi sa saveur amère et métallique se répandit sur la chair humide forçant Ginto à déglutir involontairement. Il perçut la texture étrangement douce du doigt de James et, au moment même où il allait retirer celui-ci, il se figea en remarquant la mimique qu’arborait l’anglais.
Longwood avait entrouvert ses lèvres tandis que ses prunelles d’un bleu glacé dévoraient l’image que Gabriel renvoyait en suçant son index. Il eut une soudaine bouffée de chaleur comme si on l’avait catapulté dans un bain de vapeur. Pressentant que le jeune français allait enlever cette partie de lui de l’écrin de sa bouche, James leva les yeux afin de les plonger dans les siens.
— Continue… please, don’t stop, Gabriel, fit-il l’accent suppliant. Lick again… please.
Pour la première fois de sa courte existence, le frère de Nathan subit le violent assaut d’un puissant désir physique. C’était si inattendu, si virulent et surtout causé par une personne de même sexe que lui que son esprit s’éparpilla pour ne plus arriver à fonctionner correctement. Sans qu’il lui en donne l’ordre, sa langue s’agita et caressa le doigt de l’anglais aux cheveux blonds. Ce dernier poussa un faible gémissement pendant que ses prunelles viraient couleur océan en pleine tempête.
Qu’est-ce que je suis en train de faire ? paniqua instantanément Gabriel.
Dans un mouvement brusque qui leur fit perdre à tous deux l’équilibre, James récupéra son doigt puis vint presser son corps contre celui du boxeur. Ginto se retrouva assit sur le sol avec Longwood entre ses jambes.
D’abord désorienté, le français, dans un premier temps, se contenta de dévisager le lycéen. Les mains posées à plat sur le carrelage froid, de chaque côtés des hanches du frère cadet de Nathan, il dardait sur lui un regard brûlant tandis que son buste penché vers l’avant se soulevait dans un rythme rapide.
— Pousses-toi, lâcha Gabriel d’une voix rauque.
Mais James n’obtempéra pas, au contraire, il pressa aussitôt son bassin contre celui de l’adolescent. Les yeux de Ginto s’écarquillèrent en percevant le membre dur de l’anglais appuyé contre le sien, qui ne tarda pas à réagir sous l’attouchement. Longwood sourit. C’était un sourire vorace, prédateur… brillant de jubilation de découvrir qu’il avait cette sorte de pouvoir sur le jeune homme quasiment allongé sous lui.
Quand le boxeur tenta de le repousser, l’étudiant de Holy Cross frotta langoureusement ses hanches aux siennes, lui arrachant un cri étranglé. Ce fut comme chaque muscle de son corps devenait prisonnier dans le marbre, le laissant dans l’impossibilité de bouger.
— Qu’est-ce que tu… commença-t-il sans finir sa phrase.
— Tu n’aimes pas, Gabriel ?
James répéta plusieurs fois le mouvement lascif qui consistait à frictionner le sexe de Ginto au sien. A son raidissement significatif, l’anglais savait que sa victime se faisait consentante. Le frère de Nathan essaya de ravaler les plaintes indécentes qui remontaient le long de sa gorge.
— Oh… yes. You likes this, isn't it ? Such face… your face said the truth, chuchota Longwood en nichant sa tête dans le cou de Gabriel.
L’adolescent posa ses mains sur les épaules du jeune homme blond. Ce dernier ne cessait de le masturber de son propre sexe et il chercha encore à le refouler, néanmoins, sans y mettre toute la conviction souhaité. La tentative fit rire doucement James qui prit un soin particulier à lui arracher un râle en accentuant vigoureusement le frôlement.
Ginto s’arrêta de lutter pour s’allonger complètement sur le sol avant de se couvrir le visage de son avant-bras.
— Arrêtes ça… le supplia-t-il une dernière fois.
Il n’en pouvait plus. Son entrejambe était gorgé de sang, excité au point qu’il appréhendait de jouir dans ses sous-vêtements.
C’était pire que lorsqu’il se soulageait seul. L’entrave du tissu de son pantalon et de son caleçon ne l’empêchait pas d’en tirer du plaisir, trop même et cela le menait aux portes de la folie.
Dans un geste brutal, James chassa le bras avec lequel Ginto se soustrayait à son regard ; il semblait aussi furieux qu’au bord de l’orgasme.
— You burned me and you drives me crazy... show me your fucking face of excited boy !
Sous l’impulsion d’un accès de fureur, car lui aussi était proche d’atteindre l’ultime jouissance, Gabriel renversa James qui se retrouva dans la position précédemment occupé par le boxeur.
Tous deux avaient le visage baigné se sueurs et Ginto fut, l’espace de quelques secondes, hypnotisé par les boucles humides de Longwood, celles collées sur son front moite. Il nota la respiration erratique de l’adonis blond, en parfaite synchronisation avec la sienne.
— Qu’est-ce que tu veux, James ? souffla le frère de Nathan, l’intonation brisée.
A son tour, il imprima un mouvement de va-et-vient sensuel et les traits de l’anglais se crispèrent.
— C’est ça que tu veux ? poursuivit-t-il en sentant arriver la douloureuse vague de plaisir au creux de ses reins.
A ce stade, aucun retour en arrière était possible. Surtout lorsque le lycéen noua ses doigts à sa nuque afin d’approcher son visage. Le regard sauvage de James l’épingla tel un violent coup, envoyant son âme aux tréfonds des abysses de la luxure.
Longwood émit un léger sifflement entre ses dents puis remua frénétiquement son bassin avant d’unir sa bouche à celle de Gabriel.
Les paupières de ce dernier se fermèrent immédiatement lorsqu’il goûta la terrible douceur savoureuse des lèvres du jeune anglais.
Ginto atteignit enfin la libération qui lui ceignait le bas du dos, rendant son érection pénible. Quand la langue de James s’enroula voluptueusement à la sienne, son corps trembla, secoué par un orgasme déchaîné. Longwood continuait de l’embrasser sans même prendre le temps de respirer. Il s’enfonçait, approfondissait son baiser. Jamais Gabriel n’avait eu ce type d’échange mais surtout de cette façon, et cela décupla son plaisir.
Il ressentit la jouissance de James quand celui-ci geint longuement dans sa bouche.
L’adolescent était anéantit, il éprouvait déjà un affreux sentiment de culpabilité entremêlé à une plénitude émerveillé.
Qu’allait-il arriver ? Était-il perdu ? Devenait-il fou à lier ?
Un amoncellement de questions et de peurs surgirent dans un recoin de son esprit.
Soudain, l’étudiant anglais glissa un bras sous celui de Ginto puis fouilla dans la poche extérieure de sa veste pour en sortir le fameux trousseau de clefs.
Il ne l’avait jamais placé dans son pantalon et encore moins dans ses sous-vêtements.