A.D.N - Angie Le Gac

et ils finissent ensemble tous les deux

dès le début, Cédric indique qu'il veut prendre son temps. Quand Martin lui propose de boire un verre par ordi interposé, il remet ça sur le tapis. Et quelques heures plus tard ils déjeunent ensemble, moins de 24h après leur premier tchat, ils couchent ensemble et moins d'une semaine après, Cédric emménage avec Martin ...avant d'attendre de nouveau des mois avant de rencontrer leur famille respective... j'ai trouvé ça un peu dommage car je pense que leur cour pour s'approcher l'un de l'autre aurait pu être magnifique tout comme le début de leur vie commune. mais je comprend que ce n'était pas le sujet principal de l'histoire qui tombe comme un couperet et justifie le titre assez intriguant

et le résultat tombe, ils vont pouvoir se marier et vivre leur amour ensemble car ils ne sont par frère ... enfin ... ça, personne ne le sait. De voir comment Martin décide d'affronter le destin secrètement et le risque d'un amour incestueux juste parce que leur amour est fort et magnifique c'est aussi émouvant que perturbant.

Alors déjà, avec un titre comme ça on s’attend soit à de la fantasy, soit à ce qui se produit effectivement dans le livre. Pour ma part le suspens a donc été plus que très court (sans parler de la réaction de la mère de Cédric). En soi, cela n’aurait pas été gênant si le sujet, le « possible inceste », avait été clairement utilisé, et non à peine survolé de la plus basique et inachevé des manières possibles. Voir l’inquiétude des personnages aurait pu être effectivement une approche intéressante du sujet. Or il n’en est rien les deux hommes s’éloignent en souffrant chacun dans leur coin sans description « fouillée » de leurs sentiments et/ou ressentis.
D’ailleurs c’est un peu un reproche général, on assiste à leur rencontre, mais une fois en couple, il n’y plus vraiment de découverte, on ne sait rien de leur vie, ce qu’ils aiment, ce qu’ils font, on a des moments de vie relativement banal, mais on n’entre pas dans leur intimité, on n’assiste à aucune discussion sur leurs échanges des petits tracas du quotidien, aucune anecdote sur leur travail respectif, sur leurs sorties ou autre. Je ne parle même pas du voyage qui est survolé et sans réel intérêt tant il est « cliché ».
Maintenant l’aspect qui m’a le plus agacé : le manque de réalisme. Un roman n’a pas à être hyper réaliste, je le comprend, mais de là à vouloir nous faire croire que Cédric n’a jamais remarqué la ressemblance avec son père o_O Hormis si la mère avait une raison de faire disparaître toutes les photos de son père c’est juste invraisemblable, les enfants ont des périodes cycliques de curiosité sur leur origine, et Cédric a forcément eu besoin de chercher ses racines à l’adolescence, savoir à quoi il risquait de ressembler, et donc a dû voir des photos de son père. Et, non ! ce n’est pas quelque chose qu’on oublie facilement. Sans compter que, pouf, comme par miracle au retour des funérailles il en sort une de son chapeau (aucune autre explication n’est donné à ce sujet, alors pourquoi pas le chapeau).
Je conçois beaucoup mieux l’absence de désir de Martin à retrouver ses parents biologiques, même si j’aurais aimé savoir dans quelle condition sa naissance avait eu lieu pour que Cédric et sa mère ne soit pas au courant.
Deuxième gros souci de ce roman : où est vraiment le problème ?
Ils sont peut-être frères, et alors ? En quoi cela les empêche-t-il de se marier ? Le souci serait évident s’il s’agissait d’un couple hétéro, puisque le désir d’enfant peut, en raison de la consanguinité, provoquer des problèmes, mais là ? Je me répète : où est le problème ?
Je ne dis pas que l’inceste est normal, il est même condamnable lorsqu’il y a abus de l’un des protagonistes, mais ici, nous avons affaire à deux adultes consentants qui, de plus, n’ont ni enfance ni souvenir ni éducation commune, bref à peine plus que des étrangers. Sans compter que, mis à part la tante qui a des doutes, ils n’ont pas à l’annoncer au reste de l’humanité, l’état civil n’ayant aucun moyen de le soupçonner, encore moins de le savoir.
J’aurais de beaucoup préféré assister à une discussion entre eux pour mettre noir sur blanc les problèmes que cela leur cause, les incidences sur leur vie, bref un échange de leurs différentes réactions et émotions face à cette nouvelle, plutôt que ce bien pratique « ils se lamentent chacun dans leur coin »

Ce qui me perturbe ce n'est pas Martin, mais Cédric. Son père n'est pas un inconnu je trouve juste allucinant qu'il n'y n'ai aucune idée de l'image de son père, alors qu'il parvient sans mal à trouver une photo quand il en a "besoin". A aucun moment dans le livre il ne fait la moindre alusion à son aspect physique et ce, malgré la méprise de sa mère. C'est dur à croire.
Ensuite tu dis que tu vivrais mal le fait d'apprendre que ton mari est en réalité ton 1/2 frère, mais serais-tu vraiment capable de t'éloigner de lui pendant un mois (un mois quoi ) sans lui parler ? Je comprend le choc, probablement plus encore pour Martin qui, ne connaissant pas son père, tombe vraiment des nues. Je peux même comprendre que l'un ou l'autre fasse l'autruche pendant quelques heures, peut-être même un ou deux jours, mais pas un mois. Ou alors ils ne sont pas réellement amoureux.
Je suis déçue parce que ce thème aurait pu être beaucoup plus approfondi. L'auteur laisse ses personnages se morfondre pendant un mois et on voit à peine l'angoisse de Martin sur l'absence de Cédric. Il n'y a aucun des questionnements auxquels on s'attend : "mon frère ? alors ça change quoi ?" "j'ai un père, je vais pouvoir en savoir plus sur qui il était" "est-ce que je peux vivre amoureusement avec mon frère ?" "dois-je le révéler à mes amis (pas juste mes meilleurs ami) ?". A la place, on a un "il me manque" comme s'il avait simplement oublié son doudou. Je voulais plus
Après, comme je l'ai dit précédemment, ils ont (probablement ) le même ADN, mais au-delà du choc initial de l'apprendre, ils sont quand même plus des étrangers l'un pour l'autre, pas des frères dans le sens ou on l'entend habituellement (éducation, vie commune), donc la fin ne me choque pas. Avec le brassage actuel et l'éclatement des familles, il y a probablement plus de couple incestueux qui s'ignore qu'on le croit, Certes pas aussi proche que la fratrie (un cas médiatique en Espagne si ma mémoire est bonne), mais au niveau du cousinage. Parfois l'ignorance est un bienfait.