Dust City - Jesse Christen

Pour les frères c'est clair qu'il y a anguille sous roche, a un moment, Killian dit (en parlant d'amour ou de sexe je sais plus) qu'il n'y a qu'une personne qui lui a fait cet effet et qu'il ne veut pas penser a lui en ce moment. Il est clair que c'est son frère !! Bon pas super ça, mais ça va on ne les voit pas passer a l'acte !

Le fait que Kill se fasse violer sous les yeux de Sin et sous son ordre juste deux jours avant qu'il tombe amoureux de lui. Pour moi ça ne marche pas, j'y crois pas.

Pour Sin j'ai peut-être été un peu dure, mais bon il vient tout juste de perdre un grand amour, il est mort le mois dernier grand maximum.

Pour ces deux raisons, je ne suis pas parvenue à rentrer dans la romance, après j'ai fait abstraction et j'ai bien aimé le livre. Mais L'histoire aurait pu être mieux.

Il aurait suffit que Kill ne soit pas violé, ou alors pas sous les yeux/ordres de Sin, et l'amour de Sin aurait du mourir il y a plus longtemps, ou on aurait pu imaginer que soit le frère de Sin qui soit tué par Damon, là ça aurait génial.

Je crois que je suis en train de me lasser de ce bon vieux cliché du yaoi que l’on retrouve dans des supposées romances M/M. S’amouracher de son agresseur qui commandite et assiste à votre viol en vous regardant dans les yeux.
Désirer l’otage qu’on a fait, pour venger la mort récente de son partenaire assassiné par le frère de l’otage. Et j’insiste, en une semaine…

Ce que je reproche, c’est la rapidité de la mise en place des sentiments « amoureux ». Si le rythme rapide colle avec l’action, l’intrigue mafieuse, il dessert totalement la romance. Et encore, j’ai du mal avec ce mot « romance ».

Autre ombre sur le tableau : Le « uke », le mec frêle, fragile, moue, l’archétype de la belle en détresse avec un chromosome Y. Hélas, un autre cliché que j’ai retrouvé chez Killian. Je ne suis pas contre l’idée d’utiliser ce code dans la littérature gay. Je reconnais aussi user de ce stéréotype du « uke », quitte à tirer sur le cordon de l’androgynie parfois. C’est un vaste terrain d’expression, même si ça reste un peu une voie facile. Mais compenser avec un caractère bien trempé ce qui manque au physique du personnage principal ne fait pas de mal.

Pour ma part, j’ai trouvé Killian d’une indécision sans borne. Et même quand il s’est enfin mit un doigt et a osé faire un choix, ce n’était pas le bon. De mon point de vue, quand s’est posé le choix cornélien, Sin ou Damon, Killian n’aurait pas dû choisir Sin. Alors vous me direz que la fiction n’aurait pas eu lieu d’être. Et je vous répondrais que la fiction n’aurait pas dû s’arrêter à 18 chapitres, comme tranchés à la hache, d’une longueur de moins de 150 pages. Il y avait encore « de la place » pour la faire évoluer !!!

Je reformule : à ce stade là de l’histoire, Killian ne pouvait décemment pas choisir Sin. Quant à son frère, lui non plus ne figure dans aucune option de choix viable. C’est ni l’un, ni l’autre pour moi. Pourquoi Kill ne devait pas choisir Sin ? Parce qu’on ne choisit pas de s’enfuir avec le commanditaire de votre viol, seulement une semaine après les faits. (Ouais, j’ai pas su avaler la pilule, ça manquait trop de lubrifiant, pour moi.)

Et quelle semaine ? Une semaine vécue en captivité dans la demeure de son geôlier, agressé sexuellement par ses hommes, drogué par ses putes, rabaissé et humilié devant témoins comme un vulgaire cabot.

Ou alors, on ne qualifie pas cela de ROMANCE. Parce qu’on donne dans le surréalisme, là. J’aurais presque été indulgente si on avait eu affaire à une fiction paranormale. Ce que j’ai d’ailleurs cru en achetant le livre, allez savoir pourquoi…

Certains pourraient avancer le syndrome de Stockholm. Perso, je ne vois aucun mal à dépenser 5 euros pour me payer 130 pages d’un petit roman qui traite de ce syndrome. Why not ? (De l'ironie, vous croyez? Naaan) Mais là encore, je reviens à mon « pas assez ». Je pense pas qu’à 23 ans, en étant adulte, vacciné, et saint d’esprit, en ayant vécu la misère à l’orphelinat, en ayant connu une vie à la dure, avec un grand-frère caïd connu pour donner dans le crime, je crois pas qu'avec ce background on puisse développer un syndrome de Stockholm envers son séquestreur en une semaine. C’est pas « assez ».

Bien évidemment, ce syndrome n’est pas le propos de ce roman (et je dis dommage…), mais on a belle et bien affaire à une relation « amoureuse » entre un homme et celui qui lui a causé du tort. (Ou alors je n’ai pas compris ce que j’ai lu.)

Je suis fan des scénarios où le bourreau s’amourache de la victime. Ou le prisonnier s’éprend de son geôlier. Mais il y a cependant une façon d’amener cela, qui fasse que je ne bloque pas d’entrée de jeu. Et là, j’ai bloqué. C’est suite à une pulsion un peu morbide ou maso que j’ai continué à lire. Résultat, j’ai vraiment eu du mal à éprouver de la compassion pour Killian. À le prendre en sympathie (si ça se dit). Le voir subir ses péripéties ne m’a plus du tout apitoyé, quand j’ai compris qu’il allait coucher en si peu de temps avec le responsable de son malheur.

Je ne suis pas contre l’emploi de ces actes de violences dans une fiction pour densifier la psyché d’un personnage. Bien au contraire, je suis aussi une sadique dans l’âme. Le personnage a été violé ? OK, pourquoi pas ? Ça ne contribuera qu’à noircir encore plus une psychologie déjà sombre. Mais qu’il tombe AMOUREUX EN UNE SEMAINE de la personne qui l’a fait indirectement… NON. Juste, NON !

Pour la petite anecdote, on estime à une dizaine voire une quinzaine d’années une « éventuelle » rémission de ce genre d’agression. Et contrairement à la croyance, les hommes ont plus de mal à s’en remettre que les femmes. Même quand on vit dans un monde de durs et de brutes.

Ça me désole de voir que de nombreux auteurs (très souvent féminins) jouent de cette niche pour tisser des romances se voulant « compliquées ». Il n’y a PAS de possibilité de romance entre un violé et le violeur, ou le commanditaire du viol. Si malgré tout on s’obstine à en écrire, alors tout le réalisme qu’on veut donner à cette supposée romance se casse la gueule d’entrée de jeu. Pour la simple raison que c’est presque antinomique. Ou alors, on prend le parti de ne pas impliquer l’expression « tomber amoureux ». On le tourne autrement.

Parce qu’il faut renoncer à sa dignité humaine, ou alors avoir un sacré trouble psychologique – ce qui est logique après un viol, tiens ^^ - pour coucher avec le mec qui l’a ordonné et vous a regardé dans le blanc des yeux durant le show. Cet incident m’a fait buguer pendant la quasi-totalité de ma lecture, à mesure que Killian développait des sentiments « amoureux » envers Sin. Peut-être que lui croit qu’il est amoureux, alors qu’il n’a pas encore passé le stade du SSPT. (syndrome du stress post traumatique).

J’aurai aimé que l’auteur nous mette un bémol, ou attire l’attention sur une éventuelle instabilité émotionnelle et psychologique de Killian après cela. Mais non. J’ai trouvé Killian trop « stable », ses cauchemars mis de côté. Tout ça nous a été saupoudré de bons sentiments, d’empathie et de compassion. Le comble a été atteint au moment où Killian a sa grande révélation. Il est en état de choc pour avoir ôté la vie à un homme qui l’a violé, arme à la tempe et là, paf, ça lui tombe sur la gueule qu’il est amoureux du patron de cet homme, qui, il y a 6 jours, a ordonné à une autre de ses sbires de le violer, attaché sur une table. (Pour ceux qui l’ignorent, forcer une fellation est un viol au même titre qu’une pénétration anale ou vaginale, dans le code pénal).

Deux agressions de cet acabit, et tu tombes amoureux du responsable des agresseurs.

Certes, c’était pour une vengeance. Parfait ! je plussoie la vengeance puisqu’il nourrit le conflit sur lequel est basée la tension du roman. Mais quelques pages plus loin, une semaine plus tard, nous coller le « vengeur » et le violé dans le même pieu, et parler d’amour, je crie au raccourci scénaristique et au manque de crédibilité. On se serait limité au sexe, peut-être. (Et j’en profite pour dire, sortez couvert ! Il serait temps qu’on arrête de minimiser le rôle de Mr Candom dans les romances)

Quant à Sin...
Le mec a perdu son partenaire, il y a quelques semaines. Le voilà dans les bras du frère de l’assassin de son homme. C’est en théorie, mais psychologiquement, on estime à un an la durée minimale du deuil d’un être qu’on a aimé. Conclusion, pas « assez ». On n’a pas laissé au personnage assez de temps pour se remettre de ce meurtre. Ou alors, c’est qu’il n’était pas si attaché que ça à Mika…

Killian le hait et l'adore, il a déjà visiblement eu des relations sexuelles avec lui, consenties ou pas, il le désire au point d'être incapable de lui dire non, a été maintenu dans un état de petit gamin inoffensif dans un monde de loup ... et Damon l'aime de façon obsessionnelle et possessive