Valéry Kumfu
Messages : 170 Date d'inscription : 10/08/2014
| Sujet: Les mauvais anges - Eric Jourdan Dim 10 Aoû - 13:28 | |
| | Bien que loué en préface d’un « don de poésie exceptionnel » par deux auteurs de renom (Robert Margerit et Max-Pol Fouchet), Éric Jourdan et ses Mauvais Anges sont interdits en 1956, par une Commission de censure alors largement homophobe. Faisant, malgré elle, des Mauvais Anges un livre mythique qui, bien, que plusieurs fois réédité, n’est jamais paru en poche. Les anges n’ont pas de sexe, dit-on, mais on reprochait à ceux d’Éric Jourdan d’avoir le même. Et pourtant, tout est normal dans cette histoire, qui est celle d’un amour fou, romantique et brutal comme la jeunesse. Si ce n’est que les protagonistes s’appellent Pierre e t Gérard, qu’ils ont quinze ans, qu’ils sont cousins, et que durant un été ils vont s’aimer et s’entredéchirer jusque dans la mort...
|
| |
|
Valéry Kumfu
Messages : 170 Date d'inscription : 10/08/2014
| Sujet: Re: Les mauvais anges - Eric Jourdan Dim 10 Aoû - 13:33 | |
| Voir ce roman publié chez l'éditeur La musardine a titillé ma curiosité. Le sujet aussi. L'âge auquel l'auteur l'a écrit itou. L'époque avec... Je ne sais pas si je pourrais en donner un bon avis, tant ce roman est troublant, sur plus d'un point. C'est un très bon roman, ça c'est sûr. Le style est excellent, riche et tout en poésie, que ce soit dans les descriptions des deux protagonistes, de l'amour qu'ils se portent ou, tel qu'on le lit tout au long de l'histoire, de la nature servant de cadre à cette histoire d'amour le temps d'un été. C'est d'ailleurs quelque chose que j'ai adoré, ce cadre avec la Loire (la rivière), le soleil, les champs et son herbe fraîche... Concernant l'histoire en elle-même, elle parvient à être à la fois belle et extrêmement troublante dans la façon dont les deux jeunes hommes s'aiment. Il ne s'agit pas de "bons garçons" : tous deux ont leur part de ténèbres. La manière dont l'auteur parle d'amour, dans son extrémisme autant par les sentiments que les deux garçons se portent que dans le besoin de se posséder l'autre et d'être à la fois possédé l'un par l'autre est autant beau que source de malaise. De nombreuses questions sont, de plus, soulevées : la question de la projection dans un avenir pour ces deux jeunes hommes ayant une relation que tout, dans la morale de l'époque, réprouve, y compris dans le fait qu'ils sont cousins et vivent alors sous le même toit. Certaines phrases, marquantes, comme lorsque l'auteur insiste sur le caractère mâle des deux personnages, comme si c'était particulièrement important, pour lui, de le rappeler ou, plus encore, lorsqu'il parle de l'attirance mêlée de jalousie de la beauté de l'autre entre les deux jeunes hommes. Je le conseille aux intéressés, en tout cas. J'y ai trouvé un côté Rimbaud, entre pureté de l'adolescence et personnages trop torturés pour que leur amour puisse s'exprimer autrement que dans la violence, souvent d'une poésie formidable et, parfois, dans cette poésie, curieusement cru, lorsque le récit passe du point de vue de Gérard... Pas dans les mots mais plus les actes. Un regard et un style d'histoire que l'on n'a pas l'habitude de lire et qui est d'autant plus intéressant, donc. Deux citations : l'une, issue de la quatrième de couverture : - Citation :
- Ce que nous soulignerons surtout, c'est à quel point ce court roman de la folle passion de deux très jeunes hommes garde - aujourd'hui que la "littérature homosexuelle" se perd dans le réalisme le plus plat, le plus répétitif, le plus gratuit - une aura de trouble infini qui ira droit au coeur, même de ceux qui sont le plus étranger à cet enchaînement amoureux.
Et l'autre, directement dans le texte : la première description de la beauté de l'autre par le personnage narrateur (première page) : - Citation :
- Les jambes écartées, une touffe de saponaires jaune pâle contre ses genoux, Gérard dormait. Sa chemise entr'ouverte semblait une vague blanche se brisant sur sa poitrine dont le dôme avait la couleur du miel - et mes yeux s'attardèrent dans l'échancrure du col aux muscles de sa gorge, accusant de leur force la douceur des ombres vers l'épaule. Du visage, je n'avais que la joue ; les cheveux s'emmêlaient de tiges d'herbes coupées : des mèches roulaient sur son front ; dans le creux de la tempe, une veine lourde, gonflée par la chaleur, amenait à la pommette la lueur confuse du sang et chargeait ce garçon au repos d'une volupté plus violente que ne le faisait l'arrogance de ses traits lorsqu'il était debout en plein soleil.
5/5 | |
|
lena06
Messages : 1308 Date d'inscription : 12/08/2013 Localisation : Soleil, palmiers... NICE, quoi
| Sujet: Re: Les mauvais anges - Eric Jourdan Dim 10 Aoû - 17:18 | |
| IL faudra que je le lise, celui là. J'avais hésité, longtemps. Je ne sais pas trop pourquoi . Peut-être parceque je n'avais pas aimé "saccage" du même auteur, que j'ai abandonné au premier tiers. Ou peut-être parceque j'ai trop aimé "L'amour brut" et trop pleuré à la fin... | |
|
Valéry Kumfu
Messages : 170 Date d'inscription : 10/08/2014
| Sujet: Re: Les mauvais anges - Eric Jourdan Dim 10 Aoû - 18:09 | |
| A Lena : Ah oui, j'ai aussi lu "Saccage", tiens (je vais en faire un post, allez), mais pareil : j'ai nettement moins accroché. Après "Les mauvais anges", je cherchais quelque chose d'autre à lire de lui et, dans le doute, j'avais choisi la couverture avec le joli fessier dessus, mais je l'avais déjà oublié. Je retiens donc pour "L'amour brut". Et n'hésite pas pour "Les mauvais anges". La fin est... la fin est... Bon, tu verras par toi-même : je ne vais pas spoiler, mais sinon, c'est vraiment un livre qu'il faut lire, je pense. | |
|
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Les mauvais anges - Eric Jourdan | |
| |
|